Oubliez le gaz, cuisinez au soleil !

Isabelle Curet

Publié le : 20/08/15 12:00

Vue d'ensemble des fours solaires du restaurant solaire de Villaseca

Entre marketing et écologie, parfois il ne faut pas choisir. Le petit village de Villaseca a ainsi réussi le tour de force d’être une étape obligatoire dans les tours proposés pour découvrir la Valle de Elqui et son fameux pisco. Comment ? En ouvrant, il y a huit ans, le Restaurante Solar qui propose un menu traditionnel entièrement cuisiné à l’énergie solaire.

Tout a commencé grâce à une subvention de 10 000 $ accordée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Celle-ci a permis à 26 familles de la commune de Villaseca d’acquérir les 10 premiers fours solaires nécessaires à l’ouverture du restaurant. Ce mode de cuisson est parfaitement adapté à cette région aride et très ensoleillée. Seul petit bémol : ce restaurant n’est ouvert que le midi, soleil oblige.

 

Ces fours solaires sont constitués d'une caisse bien isolée munie d’un réflecteur et d’un couvercle en verre, par lequel les radiations du soleil entrent.

La cuisinière chilienne a besoin d'un torchon pour soulever le couvercle car ça chauffe à l'intérieur du four

La cuisinière a besoin d'un torchon pour soulever le couvercle, car ça chauffe à l'intérieur du four.

 Nos papilles curieuses ne pouvaient résister à l’envie de déguster cette cuisine solaire. Nous avons donc profité de nos quelques jours à Vicuña, principale ville de la Valle de Elqui, pour découvrir ce restaurant qui a depuis fait un émule dans le village. Pour 5 000 pesos (7,8 €), nous nous attablons pour déguster le « menu del dia » (menu du jour) qui comprend une entrée, un plat et un dessert. À l’heure du déjeuner, les fours ne servent qu’à maintenir au chaud les plats préparés dans la matinée.

Il faut deux heures pour cuire du pain ou des betteraves

Dès 8 heures du matin, les cuisinières alignent tous les fours face au soleil afin de les préchauffer pendant une heure. Tout au long de la matinée, ceux-ci sont régulièrement réalignés pour suivre la course du soleil dans le ciel. Bien orientés, les fours solaires peuvent atteindre une température de 180 degrés. On est loin des performances d’un four classique, mais cela permet de cuire le riz, le pain ou les betteraves en deux heures. Pour les plats principaux comme le poulet, le boeuf ou l'agneau, il faut compter quatre heures. On peut tout cuire dans ces fours, des desserts (flans, gâteaux, fruits), des plats, des accompagnements, sans que leur goût change. Seul le temps de cuisson est rallongé (souvent doublé) par rapport à un four classique. Ce moyen de cuisiner privilégie les plats qui ont besoin de mijoter. Difficile en effet de faire sauter le moindre aliment avec cette méthode.

 

Sorte de boeuf bourguignon chilien

Sorte de boeuf bourguignon chilien

 

 

Belle pièce d'agneau

Belle pièce d'agneau

Nous accompagnons ce repas d'un jus de copao, fruit d'un cactus sauvage qui pousse dans la Valle de Elqui. 

 

Jus de copao, fruit d'un cactus sauvage

Jus de copao, fruit d'un cactus sauvage

Pour finir le repas, on peut faire bouillir en quinze minutes l'eau du thé ou du café sur un cuiseur solaire parabolique. Il est constitué d'un miroir parabolique, au centre duquel on peut poser le récipient contenant les aliments à cuire.

 

Cuiseur solaire parabolique, San Pedro de Atacama, Chili

Cuiseur solaire parabolique, San Pedro de Atacama, Chili

NOTRE VERDICT

Nous finissons notre repas ravis. Nous n'avons pas dégusté de la grande cuisine, mais une cuisine familiale et savoureuse typiquement chilienne. Au final, nous avons découvert un mode de cuisson loin d'être anecdotique au Chili et en Bolivie. En effet, dans les zone rurales, il permet de se passer de bois de chauffage et de ralentir la déforestation dans ces régions déjà arides.